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Derechef
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14 novembre 2007

"On a le droit de faire grève, mais pas de prendre la France en otage!"

A propos de la grève des agents de la SNCF, on a pu entendre certains usagers énervés, ou encore des députés UMP, ou encore le minsitre du travail Xavier Bertrand rappeler:

" la grève est un droit constitutionnel, mais ce n'est pas une raison pour prendre la France en otage!"greve_sncf

C'est vrai que le droit de grève est inscrit dans la constitution de la république Française, à l'article 7 du préambule. Donc c'est un droit constitutionnel. Prendre la France en otage, ça veut dire: arrêter de travailler, si bien que les usagers ne peuvent plus se rendre à leur travail; que les entreprises tournent au ralenti, et que certains salariés du privé sont obligés de poser des jours de congé, alors qu'ils n'en ont que très peu pour certains.

Mais si l'on regarde la définition de grève dans le dictionnaire, on trouve: "cessation volontaire et collective du travail, décidée par les salariés dans un but revendicatif (...) et entraînant la suppression du salaire pendant cette période".

Alors, je veux bien qu'un usager agacé parle de "prise d'otage", parce qu'il parle sous le coup de l'émotion. Mais que des responsables politiques utilisent, relayent et même inspirent cette absurdité juridique est assez inacceptable, dans la simple mesure où il s'agit d'une contradiction logique: si la grève consiste à arrêter le travail, le droit de grève, c'est le droit d'arrêter le travail. Alors, que reste-t-il de ce droit de grève si on parle de "prise d'otage"? Mécaniquement, l'arrêt de travail des cheminots empêche aux usagers de prendre le train; parce que c'est ça, le travail qu'ils "arrêtent volontairement". On aimerait bien que les gars de l'UMP nous disent ce qu'ils entendent par "droit de grève constitutionnel", s'il ne s'agit plus pour eux d'arrêter son travail (parce que c'est prendre la France en otage). Qu'a-t-on le droit de faire, alors? Conduire son train avec un brassard écrit "en grève", comme on le fait dans des pays où le droit du travail n'existe pas vraiment? Ce sera certainenement un moyen très efficace pour défendre ses droits!

Dans un "Etat de Droit", comme aime à le rappeller Nicolas Sarkozy quand il parle de la banlieue, il n'y a que deux alternatives: soit c'est autorisé par la loi et c'est légal, et même, il faut défendre ce droit de toutes ses forces, soit c'est interdit et sanctionné par la force publique. Mais inventer un "droit de faire" sans le droit de faire, ça n'a aucun sens. Cela rappelle assez les revendications de certains islamistes qui voulaient poursuivre les auteurs (et diffuseurs) des caricatures de Mahomet pour "blasphème", à commencer par le recteur de la mosquée de Paris et le président du MRAP : il défendaient soi-disant "la liberté d'expression" en disant que quand même, ça avait des limites. Mais dans un "Etat de droit", soit le propos est interdit et sanctionnable (comme l'incitation à la haine raciale, etc.), soit c'est autorisé. Mais il n'y a pas d'entre-deux. Ce qui est juste et bon, dans un "Etat de droit" est défini par la loi, comme le rappelle le fameux article 7 du préambule de la constitution: le droit de grève est défini par la loi".

Alors, de deux choses l'une, soit le droit de grève existe, soit il n'existe pas. Mais parler d'un droit "constitutionnel" qu'on accepte, mais qu'on refuse de voir exercé, c'est une absurdité juridique. Si le législateur veut être clair, il n'a plus qu'à interdire le droit de grève. Parce qu'un droit de grève sans droit d'arrêter le travail est un concept juridique qui n'existe pas! 

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Commentaires
C
C'est vrai quoi! <br /> Y'en a marre de tous ces droits-de-l'hommistes qui prennent les athlètes en otage!<br /> (c'est pas moi qui l'a dit, c'est David Douillet...)
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