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Derechef
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25 février 2010

Dictionnaire des mots qu'existent (et qu'on utilise jamais)

A la demande générale tout autant qu'unanime de Charlie Grogne, le blog Derechef, qui s'était délesté, au profit du blog Umour et Pensées, du Dictionnaire des mots qu'existent pas (et qu'on utilise quand même), s'enrichit dès aujourd'hui d'un nouveau dictionnaire : le Dictionnaire des mots qu'existent (et qu'on utilise jamais).

Stemmate  n.m.  (1839) œil simple des larves d'insectes

fragonardDepuis 1814, l'entomosodomite Urbain Grandiseux passait le plus clair de son temps, ainsi du reste qu'une partie du plus obscur d'icelui, à échanger des regards coquins et lourds de sous entendus avec les plus lubriques des larves de drosophiles dont il faisait l'élevage pour son usage personnel, que la morale pudibonde de notre temps réprouverait sans doute, mais c'était là une autre époque, qui sommes-nous pour juger ?
A l'automne de sa vie, Urbain Grandiseux ressentit comme beaucoup le besoin de transmettre son expérience aux générations futures, et entreprit de rédiger ses mémoires. Le chapitre le plus important de cette somme, clé de voûte de son œuvre, relatait la relation qu'il avait entretenue, l'espace des quelques nycthémères les plus mémorables de sa longue vie, avec Emma, sa larve préférée, la seule à qui il avait pris soin de donner un nom. Il était dès lors incontournable que le titre de l'ouvrage fît référence à ce passage, aux longs moments qu'ils avaient passés à se regarder amoureusement l'un l'autre. Son premier élan fut d'intituler ses mémoires Emma, les yeux dans les yeux. Mais il sentait confusément que ce titre était par trop réducteur, qu'il rendait trop banale cette histoire entre toutes admirables. Emma était sa reine, ses yeux étaient des couronnes. En helléniste distingué qu'il était, il rebaptisa son ouvrage Les yeux dans les stemmates, et c'est donc depuis 1819, année de la publication des mémoires d'Urbain Grandiseux, que le terme stemmate désigne, pour tous ceux qui éprouvent le besoin de désigner ce genre de choses, l'œil simple des larves d'insectes.

Illustration : Urbain Grandiseux châtiant sa bonne pour avoir installé des rubans de papier tue-mouches dans le corridor menant à l'office.

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Commentaires
C
@ Aline : J'engendre personnellement parfois la perplexité avec un bon scotomiser sorti au milieu d'une réunion.<br /> <br /> Si vous voulez proposer des mots pour le dictionnaire, faites donc, pour autant deux règles déontologiques s'imposent. Premièrement je n'écrirai sa définition que si je ne le connais pas moi-même, deuxièmement vous devez vous engager à ne proposer que des mots que vous n'utilisez jamais, ou presque, même si vous les connaissez.
J
Mais vous légendâtes avec talent.<br /> (je me souviens avec délice des légendes desprogiennes sous Guernica)
A
Et chacun pourrait citer un mot qui fait halluciner tout le monde quand il le prononce car personne ne le connait ? Ça serait marrant. J'aime beaucoup le concept.
C
Merci Julien pour ce gentil commentaire qui donne envie de continuer.<br /> <br /> Cela étant, en ce qui concerne la légendisation, comme il faut bien rendre à Marius ce qui est à Marius, je me dois d'avouer qu'il s'agit, dans le concept, d'une réminiscence de Desproges...
J
J'aime ce ton, j'aime cette légendisation d'illustration, j'aime cette idée, MERCI.<br /> <br /> (Même si en ce qui me concerne stefrançais surtout que j'aimais au lycée.)
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