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Derechef
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31 mai 2008

Chiens d'infidèles

petitmarvinOn l'aura sans doute compris en lisant certains de mes précédents messages, je ne suis pas plus un fervent défenseur de la religion catholique que des autres. J'ai en effet le mysticisme parcimonieux, et lorsque le questionnement du comment de l'origine de l'univers me taraude, je suis plus enclin à envisager l'intervention du hasard que celle d'un Dieu créateur quelconque. Seule la théorie selon laquelle l'univers aurait été en fait éternué par le Grand Patatchoum Vert pourrait éventuellement me séduire, sans pour autant que je vive dans la crainte ou l'espoir de l'avènement du Grand Mouchoir Blanc. On ne saurait donc me taxer de sectarisme anti-musulman, ni plus ni moins que de prosélytisme pro-chrétien. Voilà pour le préambule.

Mais, comme aurait apparemment dit Voltaire*, je combattrai toujours vos idées ; mais je me ferais tuer pour que vous ayez le droit de les exprimer... (quoi que, comme disait un autre sage, mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente)...

Il m'apparait donc légitime de faire figurer dans ce Conservatoire des Etalons de la Connerie Universelle la justice algérienne, qui s'apprête à condamner Habiba Kouider à trois ans de prison pour "pratique d'un culte non musulman", pratique aggravée par le fait  qu'elle possédait des bibles dans son sac lorsqu'elle a été arrêtée.  Faisons preuve d'honnêteté, elle n'est pas encore condamnée, trois ans , c'est le réquisitoire, et le verdict a été suspendu dans l'attente d'un "complément d'enquête"...

consMais bien évidemment, c'est le fait même qu'un tel procès puisse se tenir qui est révoltant, le verdict lui-même importe peu. Sauf pour Habiba bien entendu, on lui souhaite que ce cauchemar prenne fin rapidement et qu'un pays démocratique lui accorde l'asile politique si elle venait à en faire la demande.

*On trouve tellement de versions de cette déclaration que je ne suis pas certain d'avoir retenu la bonne. Je compte sur gilver pour rectifier si nécessaire.

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Commentaires
T
Mes excuses pour avoir mis si longtemps à publier vos trois longs commentaires si argumentés, je ne m'étais pas reconnecté sur l'espace d'administration.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour ce qui est du fond, le temps du web étant ce qu'il est, et vu la faible probabilité que vous repassiez par ici, je ne vais pas prendre le temps de répondre pour le moment.
P
C'est pas possible, vous êtes abonné aux lieux communs de la république laïcarde, ou quoi ???<br /> <br /> <br /> <br /> Après le mythe Galilée, vous nous sortez le mythe Voltaire : Voltaire le courageux champion de la liberté et de la tolérance et bla bla bla bla et bla bla bla bla. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais c'est une invention des "hussards noirs" de l'école laïque !<br /> <br /> <br /> <br /> D'abord, Voltaire n'a jamais prononcé la phrase que vous lui prêtez ici (à la suite de bien d'autres, qui sont incapables d'en fournir la référence).<br /> <br /> <br /> <br /> Ensuite, justement, dans la pratique, peu de personnes ont été aussi intolérantes que lui. <br /> <br /> <br /> <br /> Il a fait embastiller Fréron coupable du crime d'avoir critiqué des écrits. <br /> <br /> <br /> <br /> Il a essayé de faire emprisonner Rousseau. <br /> <br /> <br /> <br /> Une de ses amies, Madame de Graffigny (1695-1758), disait de lui : <br /> <br /> « Il est plus fanatique que les fanatiques qu’il hait ». <br /> <br /> Et du château de Cirey, où Voltaire résidait : « Je ne sais pas d’endroit dans le monde où il soit moins permis de dire ce qu’on pense et où on ne soit plus forcé de dire ce qu’on ne pense pas »<br /> <br /> <br /> <br /> Un autre ami de Voltaire, Melchior Grimm, écrivait en 1779 : <br /> <br /> <br /> <br /> « Tous les grands hommes ont été intolérants, et il faut l'être. Si l'on rencontre sur son chemin un prince débonnaire, il faut lui prêcher la tolérance, afin qu'il donne dans le piège, et que le parti écrasé ait le temps de se relever par la tolérance qu'on lui accorde, et d'écraser son adversaire à son tour. Ainsi le sermon de Voltaire, qui rabâche sur la tolérance, est un sermon fait aux sots ou aux gens dupes, ou à des gens qui n'ont aucun intérêt à la chose. » <br /> <br /> <br /> <br /> Fréron l'avait bien compris. Il écrivait, de son côté (visant toujours Voltaire) : <br /> <br /> <br /> <br /> « Si les sages philosophes du siècle, qui réclament la tolérance avec tant de chaleur et d’intérêt parce qu’ils en ont le plus grand besoin, étaient eux-mêmes à la tête du gouvernement et se voyaient armés du glaive de la souveraineté, ils seraient peut-être les premiers à sévir contre tous ceux qui auraient l’audace de contredire leurs opinions. <br /> <br /> Est-il probable que des hommes si peu tolérants dans leurs écrits le soient davantage dans leurs actions s’ils avaient en main l’autorité ? <br /> <br /> Jamais peut-être il n’a coulé autant de sang qu’ils en feraient couler eux-mêmes ! »<br /> <br /> <br /> <br /> De fait, quand on voit ce qui s'est passé sous la Révolution…<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Sur ce sujet, voir, par exemple : <br /> <br /> Xavier MARTIN, « Voltaire méconnu. Aspects cachés de l’humanisme des Lumières », Dominique Martin Morin, 2006.<br /> <br /> <br /> <br /> (Ou bien déjà, ce qu'écrivait cet autre ami et protégé de Voltaire, La Harpe, dans son ouvrage « Du fanatisme dans la langue révolutionnaire »).
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